State criminality

 


 

[1938]  Ignazio Silone,  La scuola dei dittatori, Mondadori, Milano, 2001

-  "L'arte dei complotti e attentati è piuttosto delicata e non può essere lasciata al caso. I complotti e attentati meglio riusciti sono naturalmente quelli che prepara la polizia." (p. 149)

-  "È certamente opportuno di coinvolgere nell'attentato qualche straniero, possibilmente uno slavo, o almeno un uomo coi capelli rossi, per mostrare nell'attentato la 'mano della quinta colonna'. Ma evitate di accusare un vero oppositore, indurito nell'emigrazione e dalle persecuzioni poliziesche. È inevitabile, in caso d'incendio, che siano avvertiti i pompieri; ma la polizia dovrà impedire ch'essi arrivino troppo presto e facciano scoperte sgradevoli sulle origini dell'incendio. Non c'è nessuna garanzia che gli individui incaricati della montatura dell'attentato, non raccontino poi ai loro amici la propria bravura; perciò è indispensabile farli sparire dalla circolazione, subito dopo. Se un processo sul complotto e sull'attentato non può evitarsi, è almeno indispensabile affidarlo a un tribunale speciale, capace di eliminare preventivamente gli accusati i testimoni e gli avvocati indocili e assicurare ai dibattiti il carattere educativo di un comizio contro il 'nemico interno' e la 'mano dello straniero'." (p. 152)

 

[1950]  Alex Comfort, Authority and Delinquency in the Modern State. A criminological approach to the problem of power, Routledge & Kegan Paul, London, 1950

-  "Gangsterism in social democracies is an alternative to the State - in totalitarian orders it appears to be absorbed by the State, or to be practised by dissidents who have fallen from the institutional machine." (p. 45)

-  "The most reprehensible acts of the second World War were almost all committed either upon superior orders, or by élite enforcement bodies, selected by institutional rulers, and indoctrinated to perform them." (p. 53)

-  "Centralized societies ... have removed at least one of the most important bars to delinquent action by legislators and their executive, in the creation of a legislature which can enact its fantasies without witnessing their effects, and an executive which abdicates all responsibility for what it does in response to superior orders. The main residual bar to large-scale delinquency is the survival of individual standards, which are increasingly vulnerable to propaganda, and to the impact of a society which has little opportunity for sociality." (p. 63)

 

[1958]  Robert Aron et alii,  L'ère des fédérations, Plon, Paris, 1958

-  "C'est la structure même des Etats, leur structure intérieure, leur structure nationale qui entraîne les risques de guerre, beaucoup plus que leurs conflits ou leurs rivalités apparentes. De même, il ne manque pas de gens pour croire que la démocratie peut être sauvée par des alliances entre partis politiques, grâce à un meilleur règlement parlementaire ou à une meilleur Constitution. En réalité, là encore, c'est la structure même des Etats, leur structure centralisée dont le régime des partis accentue la centralisation, qui les mène à la dictature. Celle-ci, dans tous les pays où elle est née, n'a aboli le Parlement et le régime des partis qu'après en avoir utilisé tous les procédés légaux, tout le fonctionnement normal. Mussolini n'a effectué la marche sur Rome qu'après avoir obtenu normalement la majorité au Parlement. Hitler n'a laissé brûler le Reichstag qu'après y avoir conquis normalement la majorité et s'y être fait désigner comme chancelier du Reich en conformité de la Constitution de Weimar. Laval n'a supprimé la République, en juillet 1940, qu'en utilisant les dispositions contenues dans la Constitution de 1875. Le coup d'Etat naît du fonctionnement même de l'Etat centralisé: l'illégalité se produit selon des moyens légaux."  (pp. 61-62)

 

[1975]  Jean-Marie Carzou,  Armenie 1915 - Un Génocide Exemplaire, Flammarion, Paris, 1975

-  "Le 24 avril 1915, le gouvernement turc procède dans la nuit à l'arrestation de toutes le personnalités arméniennes intellectuelles et politiques de Constantinople : 500 ou 600 pour les uns, 200 pour les autres, certainement au moins 253, chiffre retenu et publié plus tard par le gouvernement turc lui-même." "Bien peu survivront à l'été." "En deux ans, plus d'un million de personnes trouvent la mort dans des conditions horribles de barbarie." (p. 109)

-  "... mise en oeuvre du génocide, immense opération à laquelle ont nécessairement participé tous le fonctionnaires civils et militaires de l'Etat ... pendant deux ans de façon ininterrompue." (p. 123)

-  "Les hommes qui dirigent alors la Turquie n'apparaissent plus comme le membres d'un groupe décidé et violent où l'on aime à jouer aux cartes et où l'on manie facilement le revolver, mais comme de dangereux criminels." (p. 146)

-  Décret du gouvernement turc signé le 9 septembre 1915 : "Le droit des Arméniens de vivre et de travailler sur le territoire de la Turquie est totalement aboli; le gouvernement assurant toutes les responsabilités à ce sujet, a ordonné de n'en même pas laisser les enfant au berceau." (p. 208)

 

[1975]  Roger Errera,  Les libertés à l'abandon, Seuil, Paris, troisième édition 1975

-  "Il est à peine exagéré de dire qu'il y eut périodiquement ... une ou plusieurs catégories d'hommes à l'égard desquels presque tout fut sinon officiellement permis par les gouvernements, du moins aussi largement toléré par l'ensemble de la population. De qui s'agit-il? Du réfugié politique antinazi en 1938, de l'Espagnol un an plus tard, du communiste de 1939 à la Libération, du Juif et du résistant de 1940 à 1944, du collaborateur en 1944-1945, de l'Algérien plus tard, de l'activiste enfin il y a quelques années, souvent internés dans les même camps et traités de la même façon par les même services." (p. 13)

-  "Il est désormais acquis que sévices et torture existèrent alors, et que, loin de constituer des faits isolés et exceptionnels, ils ont, à partir de 1955, été employés systématiquement par certain services spécialisés relevant tant de l'autorité militaire que de l'administration civile." (p. 26)

-  "Monsieur le Président, en langage militaire on dit 'faire du renseignement', en langage du monde on dit ' presser de questions', en français on dit 'torturer'." (Un officier parle de la torture, p. 40)

 

[1999]  Martin van Creveld,  The Rise and Decline of the State, Cambridge University Press, Cambridge

-  "The concentration of all economic power in the hands of the state would not have been necessary, nor could it have been justified, if its overriding purpose had not been to impose order on the one hand and fight its neighbors on the other. Already Hobbes, the man who really invented the state, was prepared to do away with every kind of freedom (including specifically freedom of thought) in order to achieve peace; in his view any government was better than no government at all. Having gone through two total wars in a single generation and seen what states and government can really do in the way of war and destruction once they put their minds to it, perhaps we ought to know better." (p. 242)

-  "... modern means of death and destruction would never have been possible without the state, its ministry of defense (which, until 1945 was called simply the ministry of war), and its regular, uniformed, bureaucratically managed armed forces." (p. 249)